Des nouvelles de Cesare Battisti

Depuis la prison de Parme

paru dans lundimatin#376, le 31 mars 2023

Cher Serge, Alfredo Cospito meurt, des centaines de réfugiés sont abandonnés à la noyade à cent mètres du rivage, les subventions pour les pauvres sont supprimées et des milliards dépensés en armes pour la guerre. Voilà le vrai visage de l’Etat mortifère, débarrassé des hypocrisies de goche.

Le drame de Cospito, en train de mourir de faim, réjouit et rallume la haine fasciste jamais éteinte. Comme s’il n’y en avait pas déjà assez ordinairement, la cruauté fasciste et qualunquiste arrive à Parme et se déchaîne sur le sempiternel Battisti. Et alors commencent les provocations. Il n’a pas suffi du silence de la presse manifestement orchestré sur la sortie de L’Ultima Duna, Torquemada a frappé au cœur. Alors, comme ça, Battisti se permet de faire présenter un livre dans une librairie dans le centre de Bologne, il faut l’empêcher de continuer. Et les signaux actifs ne se sont pas fait attendre, jusqu’à la dernière perquisition dévastatrice de ma cellule, dont l’objectif était juste de rendre mon ordinateur inutilisable : mission accomplie. Mais cela ne suffit pas, il faut menacer, intimider ceux, peu nombreux, qui osent encore publier et défendre les « horreurs » de Battisti. Il est clair qu’ils ne m’arrêteront pas, ils ne le peuvent même pas en me tuant, mais comment nier la tristesse qui m’opprime. L’impatience et la pitié envers un peuple souffrant en quête d’un coupable facile, bon à laisser pourrir en silence. En ces jours, j’ai expérimenté la douleur, la souffrance d’avoir été privé de la seule chose noble que je croyais à l’abri de toutes la méchanceté justicialiste, censureuse, assassine. J’aurais dû le savoir, mais pour continuer, je devais feindre, et l’ignorer. Je saurai le faire encore, c’est une promesse aux personnes qui me sont chères.

Je t’embrasse

Cesare

Le 13/03/23

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