Lundi 26 février à partir de 19h
À celles et ceux pour qui le Printemps des Poètes ne suscite qu’une vague moue de désintérêt abyssal, un Contre-printemps, qui n’est pas l’hiver, est organisé en plusieurs lieux. Nous communiquons leur présentation :
Printantifa à Paris et dans toutes les provinces !
Pour en finir avec le Printemps des poètes et son parainage fascisant, nous créons des groupes Printantifa un peu partout pour collecter idées, réflexions, projets & actions pour des manifestations dans toute la France & outre-mer. Nous entendons par antifascisme, un mouvement de sécession par rapport aux politiques fascistes et supremacistes menées par nos gouvernements successifs. La dernière nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des Poètes témoigne que la poésie ne sera pas épargnée et doit dorénavant tirer des mots à balles réelles.
Les dates du Printantifa - les contacts seront ajoutés au fur et à mesure :
8/03 Angoulême.
9/03 Perpignan.
16/03 Forcalquier.
21/03 Frappaville.
23/03 Limoges.
28/03 Angoulême.
30/03 Puy en Velay.
30/03 Avignon.
En préparation : Lille, Marseille, Reillanne.
En attendant, les textes lus lors de ce Lundisoir, accompagnés de textes opportuns supplémentaires :
Lulu à sa manière résiste à son village elle résiste à ses voisines et ses voisins elle résiste à leur langage elle résiste au commérage elle résiste à la famille en fondant une autre famille puis elle résiste à la sienne de famille elle résiste à ses fils et à ses filles elle résiste tout comme résiste Gégène qui lui résiste au travail et à la famille et aussi à sa femme et elle aussi elle résiste à son Gégène elle résiste au travail en créant plus d’ouvrage encore tout comme lui qui résiste à l’usine en se levant tôt et en préparant ses outils tous les deux dans leur maison de Thun-Saint-Père ils résistent à tout l’entourage ils résistent à leurs parents ils patientent toute leur vie puis ils résistent aussi à leurs enfants ils se battent patiemment ils sont plus patients que les éléphants ou bien les tortues ou bien les goélands ils sont des goélands sans ailes dans leur maison en briques rouges ils se rabattent sur la télé mais ils résistent aussi à la télé ils patientent et attendent le jour où ils se vengeront ils savent qu’ils ne se vengeront pas eux-mêmes que quelqu’un se vengera peut-être pour eux mais ça non plus ils ne veulent rien en savoir car ils résistent au savoir et ils résistent à tous les devenirs ils campent sur leur position alors qu’ils sont parfaitement conscients qu’ils n’ont aucune position sauf peut-être de rester quelque part un sauvage car il faut rester sauvage à l’intérieur même des corps et à l’intérieur même de la parole et des institutions ils savent très bien ce qu’il en est de la vie puisqu’ils sont déterminés à résister à elle ils savent tout de la révolte et des commérages ils mettent ça dans le même sac tout ça pour eux sort de la même langue c’est la même tromperie qu’on colporte c’est le même élan noyé dans un peuple lui-même noyé et eux qui n’ont jamais la tête hors de l’eau et qui résistent à tout ça tout au fond de leur maison et au bout de leur jardin avec leurs outils pour déraciner les mauvaises herbes avec leur tondeuse bricolée avec un seau en plastique sur le moteur avec leur pelle et leur bêche avec leurs pauvres piquets et leurs bobines de fils avec leur brouette dont la roue grince ils résistent de toute façon au temps car ils savent que le temps ne leur donnera pas raison rien ne leur donnera raison ils résistent ainsi en vieillissant et en se taisant ils résistent en faisant le mort toute leur vie jusqu’à ce qu’ils tombent dans le trou qu’on leur a concédé.
Charles Pennequin. Lulu, issu de Gabineau-les-bobines. POL, 2018
Salut à toi. Batisse Mama. Salut et gratitude à toi et à ta race de serves, servantes, serviles, serviteuses, serveuses bonnes à tout faire, ménage, cuisine, sexe et marmaille. Salut à toi. Batisse Mama. Salut et gratitude à toi et à ta race qui n’ouvrit jamais un dictionnaire historique de la langue française mais dont le corps et la vie éprouva les racines latines et matérielles du mot prolétaire, proletarius, citoyen:ne, romain:e, pauvre, qui ne compte aux yeux de l’État que par ses enfants, mot dérivé de proles, descendance, portée, pour les animaux, et formé de pro + alere, nourrir. Salut à toi. Batisse Mama. Salut et gratitude à toi et à ta race et à ta rage, rentrée, commue en tristesse de labeurs tristes et de soins prodiguées au mari devenu malade, tristesse, grinchieuse, râleuse, racleuse, n’était pas cette vie-là que j’avais imaginée, Batisse Mama. Salut à toi. Salut et gratitude à toi et à ta race pour le journal de 13h, Yves Mourousi, et Michel Drucker tous les samedis soirs, et Starsky et Hutch le dimanche midi. Salut et gratitude à toi et à ta race pour les nouilles au gratin, pour la langue de bœuf, pour le pâté aux pommes de terre et pour les petites pièces sorties du porte-monnaie en cuir ou sky noir. Salut. Salut et gratitude à toi et à ta race pour les petites pièces glissées dans le creux de la main. Salut. Salut et gratitude à toi, Batisse Mama. À toi et à ta race. Pour la joie dans tes yeux, enfin. Connaître ta joie et te connaître, toi, la connaissant, deux années durant, juste avant ta mort, deux années de vie en joie avant la mort. Salut à toi, Batisse Mama. Salut et gratitude à toi et à ta race pour avoir tenu bon. Salut. Salut et gratitude à toi et à toutes celles de ta race pour les petites pièces glissées dans le creux de la main, pour la chaleur de ta main dont on ne se souvient pas, pour la chaleur de la cuisinière au charbon dans la cuisine, et pour ton port de tête, fier et dressé relevant ton corps courbé. Salut à toi, Batisse Mama. Salut et gratitude à toi et à celles de ta race pour ton service au restaurant lors du mariage des plus riches que toi dont ton dernier fils épousera la fille. Salut à toi, Batisse Mama. Salut et gratitude à toi et à ta race qui récura les chiottes des médecins du village, du notaire, du coiffeur, du vétérinaire. Salut à toi. Batisse Mama. Nous crachons sur ta tombe sans croix et nous te jurons que ta race nous l’aimerons jusqu’aux dernières de ses vivantes. Salut à toi. Prola Mama. Batisse Prola. Salut et gratitude à toi. Batisse Mama. Salut et gratitude à ta race et à ton nom. Batisse Mama. Paix à ta rage si tu veux la paix. Rage à ta rage si tu veux la rage. Batisse Mama. Salut et gratitude à toi et à toutes celles de ta race. Marc Perrin. batisse mama — des amoures réelles, extrait
Clio, muse de l’Histoire parle de ses darons : son père Zeus, dieu de la Puissance et de la Creation, sa mère, Mnemosyme, déesse de la Mémoire.
« Notre pauvre mère avait bien du mal. Notre père était bien grotesque avec toutes ses bonnes fortunes, ses victoires archéologiques sur de faibles femmes, ses innombrables déguisements, pour Molière, ses faciles triomphes sur tant de femmes faciles ; et son aigle deuxième Empire ; et sa foudre en zigzag souvent cruelle, , souvent injuste, souvent brutale, et qui se trompait. Qui savait se tromper. Tout ce qu’il avait pour lui, mon pauvre père, et il ne s’en doutait peut-être pas, ce n’était point sa force, dont il était si fier ; ce n’était point sa puissance dont il avait conçu tant d’orgueil ; il ne s’en doutait peut-être pas, tout ce qu’il a pour le sauver, mon ami, c’est qu’il était le Dieu des portes et du seuil des portes, c’est que pas un naufragé ne tendait sur la mer ses mains suppliantes, vers quelque trirème lointaine entre aperçue au ras des flots, c’est que pas un naufragé ne tendait sur la terre ses mains suppliantes, c’est que pas une barque à une voile ne sombrait insecourue, pas un fugitif, pas un proscrit, pas un exilé, pas un »fugas« , pas un »exsul« , pas un misérable (...) dans tout le monde hellénique et jusque dans les mondes barbares mêmes, des barbaries glaciaires aux barbaries que nous nommons équatoriales ou intertropicales, des déserts de neige aux déserts de sable, des déserts de glace arides aux déserts de sable aride, dans tout ce vaste monde grec, unique au monde, unique dans l’histoire, des déserts boréaux aux déserts africains, des déserts peuplés de glace aux déserts peuplés d’hommes noirs, des déserts glaciaux aux déserts torrides, des colonnes d’Hercule ouvrant sur quelles mers ultérieures, sur quels Océans du monde moderne, d’où est sorti l’homme, des barbaries trop dures aux barbaries trop douces, des barbaries trop rudes aux barbaries trop molles, des barbaries d’avant aux barbaries d’après, des barbaries antérieures aux barbaries ultérieures, des barbaries pas assez avancées aux barbaries trop avancées, des barbaries pre-antiques aux barbaries modernes, dans tout cet unique monde hellénique pas une main sur terre ne se levait suppliante, pas un naufragé de la terre et de la mer, pas un hôte, pas un voyageur, pas un navigateur, pas un pèlerin, pas un criminel ne se présentait au seuil d’une porte sans que la majesté de mon père le revêtit d’un impérissable manteau ; et il était enveloppé de toute la majesté de mon père. Voilà ce qui le sauve, le pauvre vieux. Cela seul compte, mon pauvre ami, et cela seul lui sera peut être compté au delà de son temps mortel, au delà même de son temps immortel : qu’il fit le Xenios, que pas une porte ne s’ouvrait à l’étranger sans qu’il y présidât, que pas une porte ne se fermait sans que sa majesté, par un sacrilège, fût atteinte » Charles Péguy lu par Camille Escudero
1
la langue maternellebrise les os
ouvre les égouts
chasse les démons
la langue maternelle
s’infiltre
s’évapore
se déverse
des crampes
goutte des ombres
fait des histoires
se désintègre
s’oublie se réinvente
tombe et une fois déjà cassée
dépasse les bornes renaît
exilée la langue
maternelle s’attache
elle est un
pont impur
2
lances consanguines hivers putrides chaleur constitutive
généalogie comme prison terre de sable rouge vendue au capital
idiosyncrasie exploitée routes fermées au bord de l’utopie
les clotûres expliquent les gardes-frontières coloniaux fierté du pays pois
désactivés chevaux emballés sur la grande roue des lumières
division internationale du travail dans les serres délires inhumains
Carmen Diez Salvatierra
Version podcast
Pour vous y abonner, des liens vers tout un tas de plateformes plus ou moins crapuleuses (Apple Podcast, Amazon, Deezer, Spotify, Google podcast, etc.) sont accessibles par ici.
Voir les lundisoir précédents :
Abrégé de littérature-molotov avec Mačko Dràgàn
Le hold-up de la FNSEA sur le mouvement agricole
De nazisme zombie avec Johann Chapoutot
Comment les agriculteurs et étudiants Sri Lankais ont renversé le pouvoir en 2022
Le retour du monde magique avec la sociologue Fanny Charrasse
Nathalie Quintane & Leslie Kaplan contre la littérature politique
Contre histoire de d’internet du XVe siècle à nos jours avec Félix Tréguer
L’hypothèse écofasciste avec Pierre Madelin
oXni - « On fera de nous des nuées... » lundisoir live
Boxe et lutte des classes avec Selim Derkaoui
Commentaires (cosmo) anarchistes avec Josep Rafanell i Orra
Une histoire globale des révolutions avec Une histoire globale des révolutions avec Ludivine Bantigny, Eugenia Palieraki, Boris Gobille et Laurent Jeanpierre
Les anges de la réalité, de la dépolitisation du monde avec Ghislain Casas
Tout le monde peut-il être soeur ? Pour une psychanalyse féministe avec Silvia Lippi et Patrice Maniglier
La rébellion est-elle passée à droite ? Rencontre avec Pablo Stefanoni et Marc Saint-Upéry
Sortir les ingénieurs de leur cage avec Olivier Lefebvre
Du milieu antifa biélorusse au conflit russo-ukrainien
Une histoire illustrée du tapis roulant avec Yves Pagès
Radiographie de l’État russe, entretien avec Alexander Bikbov et Jean-Marc Royer
Un lundisoir à Kharkiv et Kramatorsk, clarifications stratégiques et perspectives politiques
Sur le front de Bakhmout avec des partisans biélorusses, un lundisoir dans le Donbass
Vers une anthropologie Métaphysique avec Mohamed Amer Meziane
Éloge de l’émeute avec Jacques Deschamps
Une histoire personnelle de l’ultra-gauche avec Serge Quadruppani
Pour une esthétique de la révolte, entretient avec le mouvement Black Lines
Dévoiler le pouvoir, chiffrer l’avenir - entretien avec Chelsea Manning
Nouvelles conjurations sauvages, entretien avec Edouard Jourdain
La cartographie comme outil de luttes, entretien avec Nephtys Zwer
Pour un communisme des ténèbres - rencontre avec Annie Le Brun
Philosophie de la vie paysanne, rencontre avec Mathieu Yon
Défaire le mythe de l’entrepreneur, discussion avec Anthony Galluzzo
Parcoursup, conseils de désorientation avec avec Aïda N’Diaye, Johan Faerber et Camille
Une histoire du sabotage avec Victor Cachard
La fabrique du muscle avec Guillaume Vallet
Violences judiciaires, rencontre avec l’avocat Raphaël Kempf
L’aventure politique du livre jeunesse, entretien avec Christian Bruel
À quoi bon encore le monde ? Avec Catherine Coquio
Mohammed Kenzi, émigré de partout
Philosophie des politiques terrestres, avec Patrice Maniglier
Politique des soulèvements terrestres, un entretien avec Léna Balaud & Antoine Chopot
Laisser être et rendre puissant, un entretien avec Tristan Garcia
La séparation du monde - Mathilde Girard, Frédéric D. Oberland, lundisoir
Ethnographies des mondes à venir - Philippe Descola & Alessandro Pignocchi
Enjamber la peur, Chowra Makaremi sur le soulèvement iranien
Le pouvoir des infrastructures, comprendre la mégamachine électrique avec Fanny Lopez
Comment les fantasmes de complots défendent le système, un entretien avec Wu Ming 1
Le pouvoir du son, entretien avec Juliette Volcler
Qu’est-ce que l’esprit de la terre ? Avec l’anthropologue Barbara Glowczewski
Retours d’Ukraine avec Romain Huët, Perrine Poupin et Nolig
Démissionner, bifurquer, déserter - Rencontre avec des ingénieurs
Anarchisme et philosophie, une discussion avec Catherine Malabou
La barbarie n’est jamais finie avec Louisa Yousfi
Virginia Woolf, le féminisme et la guerre avec Naomi Toth
Françafrique : l’empire qui ne veut pas mourir, avec Thomas Deltombe & Thomas Borrel
Guadeloupe : État des luttes avec Elie Domota
Ukraine, avec Anne Le Huérou, Perrine Poupin & Coline Maestracci->https://lundi.am/Ukraine]
Comment la pensée logistique gouverne le monde, avec Mathieu Quet
La psychiatrie et ses folies avec Mathieu Bellahsen
La vie en plastique, une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur
Anthropologie, littérature et bouts du monde, les états d’âme d’Éric Chauvier
La puissance du quotidien : féminisme, subsistance et « alternatives », avec Geneviève Pruvost
Afropessimisme, fin du monde et communisme noir, une discussion avec Norman Ajari
Puissance du féminisme, histoires et transmissions
Fondation Luma : l’art qui cache la forêt
L’animal et la mort, entretien avec l’anthropologue Charles Stépanoff
Rojava : y partir, combattre, revenir. Rencontre avec un internationaliste français
Une histoire écologique et raciale de la sécularisation, entretien avec Mohamad Amer Meziane
LaDettePubliqueCestMal et autres contes pour enfants, une discussion avec Sandra Lucbert.
Basculements, mondes émergents, possibles désirable, une discussion avec Jérôme Baschet.
Au cœur de l’industrie pharmaceutique, enquête et recherches avec Quentin Ravelli
Vanessa Codaccioni : La société de vigilance
Comme tout un chacune, notre rédaction passe beaucoup trop de temps à glaner des vidéos plus ou moins intelligentes sur les internets. Aussi c’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous avons décidé de nous jeter dans cette nouvelle arène. D’exaltations de comptoirs en propos magistraux, fourbis des semaines à l’avance ou improvisés dans la joie et l’ivresse, en tête à tête ou en bande organisée, il sera facile pour ce nouveau show hebdomadaire de tenir toutes ses promesses : il en fait très peu. Sinon de vous proposer ce que nous aimerions regarder et ce qui nous semble manquer. Grâce à lundisoir, lundimatin vous suivra jusqu’au crépuscule. « Action ! », comme on dit dans le milieu.
Vous détestez le lundi matin mais vous adorez lundimatin ? Vous nous lisez chaque semaine ou de temps en temps mais vous trouvez que sans nous, la vie serait un long dimanche ? Soutenez-nous en participant à notre campagne de dons par ici.