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#425 | 22 avril
 

Toutes nos excuses pour celles et ceux qui ont malencontreusement reçu le journal de cette semaine lundi soir avec seulement 4 articles. Voici l’édition complète.

 
 
Fiché L comme Lafarge
 

Brèves histoires d’un cimentier engagé



L’entreprise Lafarge n’est plus. Engloutie par Holcim. Pour ne pas oublier la belle épopée de cette firme, nous publions ce bref hommage en trois dates. Histoire de mettre en perspective les menées de l’antiterrorisme français contre celles et ceux qui contestent l’empire bétonnier.

 
 
 
 
 
Quand la BRI et l’antiterrorisme s’intéressent à l’écologie
 

Retour d’expérience après 60 heures de garde à vue



Le 10 décembre 2023, dans le cadre des journées d’action contre le béton une centaine de personnes menait une action sur le site de l’usine Lafarge de Val-de-Reuil. Après leur passage, des tags et quelques actes de désarmement sont constatés sur les lieux. Quelques heures plus tard, la presse locale rapporte que le procureur d’Evreux a décidé de saisir la Sous-Direction Anti-Terroriste (SDAT). Le prétexte et la justification légale sont tous trouvés : un vigile présent sur place aurait été sequestré par les activistes (il s’avèrera après enquête, que de la mousse expansive a été étalée sur la porte de sa guérite et qu’il était parfaitement libre d’en sortir).

 
 
 
 
 
Ordet
 

Ghassan Salhab



Nous les pouvons bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie.
Michel de Montaigne, Des cannibales

 
 
 
 
 
Géopolitique du carnage
 

Frédéric Neyrat
(dans le collectif de Contre-Ciel)



Qu’on ne puisse désormais plus dire « Palestine libre » sans être qualifié de terroriste, que le signifiant Palestine soit désormais interdit, est souvent interprété comme dérive « fasciste » ou « totalitaire » du pouvoir. Cette interprétation passe, peut-être, à côté de quelque chose d’essentiel : l’interdiction du signifiant Palestine comme effet de la reconfiguration géopolitique en cours.

 
 
 
 
 
Le Soulèvement du ghetto de Gaza
 

Adi Callai



Ce texte est la retranscription d’une interview d’Adi Callai réalisée par Silver Lining sur WCBN 88.3 FM à Ann Arbor le 27 octobre 2023. Cette interview a été considérablement augmentée et mise à jour à la lumière des événements plus récents. Adi Callai, qui anime la chaîne youtube Rev & Reve, est une personne juive antisioniste engagée, née à Jérusalem, dont les recherches portent sur la philosophie militaire. [1]

 
 
 
 
 
« Première étape, s’emparer de Colombia »
 

Occupation des campus aux Etats-Unis en soutien à Gaza



Alors que de vastes mouvements de solidarité à la Palestine s’organisent dans les universités ou les établissements scolaires, comme en France avec Science-Po, comme aux États-Unis à Colombia, maintenant soutenue par l’université de New York, nos camarades d’Ill Will nous ont transmis un texte que nous nous sommes empressés de traduire. L’avantage de ces quelques leçons, c’est qu’elles sont courtes, simples et pragmatiques. Pas de psychologie, pas d’atermoiements et d’interrogations éternelles, pas de tiédeur : s’il faut agir, faisons-le bien, c’est-à-dire pas pour de rire. Il s’adresse à tous ceux qui agissent actuellement en solidarité avec Gaza sur les campus d’Amérique du Nord et du monde entier. Rédigé par des participants aux campements de solidarité de Yale et de Columbia, il a d’abord été distribué en main propre sur le campus de Columbia à New York le dimanche 21 avril. 

 
 
 
 
 
Quatorze Haïkus de pensée
 

« Les algorithmes sont sciemment élaborés pour "étayer la toute jouissance" des foules mondialement prolétarisées. »
Jean-Marc Royer



Sur le chemin d’une invitation à une rencontre de psychanalystes, psychiatres et psychologues, m’étaient venues les réflexions suivantes, rédigées sous forme de « Haïkus de la pensée ».

 
 
 
 
 
Portugal : une révolution, cinquante ans d’Etat démocratique et, au final, le retour des monstres d’hier…
 

Charles Reeve



Il était une fois un petit pays isolé au sud-ouest de l’Europe avec des grandes colonies où un régime dictatorial d’inspiration fasciste, vieux de plus de cinquante ans s’était écroulé, pourri de l’intérieur, secoué par le sang versé pendant treize ans dans une guerre coloniale, vidé de sa jeunesse et de ses travailleurs fatigués ou enragés de subir, poussés à l’émigration et à l’exil. La révolution sociale n’était pas prévue dans les plans d’une minorité de soldats révoltés. Mais tout arrive dès lors que les vannes de la colère s’ouvrent. Deux ans d’agitation sociale intense s’en suivirent.

 
 
 
 
 
« Vis ma (vraie) vie de Marseillais∙e » : du taudis au Airbnb
 

Victor Collet



Après avoir excellemment raconté il y a cinq ans les luttes de la Nanterre populaire, Du bidonville à la Cité, Victor Collet a poussé la passion de l’observation participante jusqu’à venir comparer les punaises de lit marseillaises à celles de l’Ile de France, en habitant dans un immeuble que le gestionnaire laissait sciemment se dégrader pour décourager les locataires. Les « anciens » décédés ou partis à l’hôpital, l’entrée toujours ouverte aux grands vents et au petit commerce de la dope, les appartements abandonnés rénovés illico presto et protégés de portes blindées tandis que ceux des derniers locataires étaient offerts aux départs d’incendie… on connaît la chanson, elle a été entonnée depuis près de trente ans à Belleville et ailleurs. Victor était aux premières loges pour l’entendre à Marseille, où elle est devenue chant funèbre, en novembre 2018, avec l’effondrement d’immeubles de la rue d’Aubagne.

 
 
 
 
 
Lettre à Rima Hassan : l’autre sionisme
 

« Elle inaugure ainsi la sortie de l’ère des nationalismes. »
Olivier Tonneau



Rima Hassan concentrera toutes les attaques dans les semaines qui viennent. Alors que la conscience de l’abomination en cours à Gaza s’étend chaque jour, je crois pour ma part qu’elle offre à Israël, avec une grande générosité, sa dernière chance.

 
 
 
 
 
RAP EN FUITE/ÉCLAT D’UN AILLEURS
 

Patrick Condé



que mots glissent sur marbre froid des corps . que gravelet dérape n’accroche rien de l’acier-visages . que grain dérobé de matière crie victoire sous mains en sang qui s’échinent . que morts vénérés sourient des prières pleurées acides sur leurs tombes . que chants d’écorchés vifs ne déplacent pas montagnes, lambeaux de chair séchés aux flancs . que combat perdu perd encore sa perte . que le cru tant peine à manger le cuit .

 
 
 
 
 
Capital et Race. Histoire d’une hydre moderne
 

Sylvie Laurent



Un peu plus de 500 pages grand format, 70 de notes dont quasiment chacune donne une ou plusieurs références à d’autres ouvrages et/ou articles, voici un livre touffu, c’est le moins que l’on puisse dire. Cela ne devrait pas effrayer les lecteurs/trices : je donne ces chiffres non pour les intimider, encore moins pour me vanter du fait d’avoir surmonté cette difficulté, non, plutôt pour avertir que cette note n’offrira, une fois de plus, qu’un aperçu du texte. On attribuera cette brièveté soit à une certaine insuffisance intellectuelle de ma part, soit tout simplement à la difficulté de l’exercice – quoi qu’il en soit, je recommande d’ores et déjà chaudement la lecture de ce livre, rédigé dans un style clair, précis et très accessible. Il y est question du nouage étroit entre race et capital, bien représenté par la figure de l’hydre. On voit bien qu’il s’agit d’une question toujours brûlante aujourd’hui, ne serait-ce qu’à travers le génocide en cours à Gaza, sans parler bien sûr du racisme qui ravage les sociétés soi-disant postcoloniales, comme on a pu le constater encore cette semaine [2] en France, avec l’escalade de la censure contre LFI, depuis le refus de l’université de Lille d’accueillir une réunion de soutien aux Palestinien·ne·s jusqu’à la convocation par la police judiciaire, au motif « d’apologie du terrorisme », de celle qui devait en être la principale intervenante, en passant par l’oukase de la Préfecture du Nord interdisant carrément cette même réunion au prétexte du risque de « trouble à l’ordre public »…

 
 
 
 
 
 
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